C’EST LE PRINTEMPS : PENSEZ HAPPY GRASS
La conjoncture économique pourrait donner une impulsion plus forte en faveur d’une meilleure valorisation de l’herbe pâturée
L’autonomie alimentaire et notamment l’autonomie protéique des exploitations deviennent des préoccupations majeures, suite à l’envolée des prix des matières premières et notamment des correcteurs azotés.
Les avantages économiques au pâturage des vaches laitières sont nombreux, des techniques performantes existent, et l’outil Happy Grass permet de mesurer l’impact de ces pratiques tout au long de la saison de pâturage.
Paroles à David Bory, du Gaec des granges à Saint Quentin sur Sauxillanges. Située à 770 mètres d’altitude, l’exploitation est équipée d’un robot de traite pour une centaine de vaches et la volonté de pâturer est une priorité.
Quelles étaient tes attentes vis à vis de l’outil?
J’ai installé « Happy Grass » au printemps 2021 avec l’appui de mon conseiller. L’exploitation cherche depuis 2 ans à se montrer performante économiquement, notamment via la compression des charges opérationnelles. Je voulais limiter les besoins en concentré pour être moins dépendant.
Pour cela, une meilleure gestion de la pâture des laitières est indispensable.
Ainsi, je voulais un outil capable de me dire quand accélérer le rythme de pâturage, quand distribuer plus ou moins de stock, quand débrayer une parcelle, tout cela en s’adaptant au nombre de vaches laitières qui pâture.
Je souhaitais aussi un outil qui mesure le rendement valorisé des parcelles pâturées. Dans mon système, j’ai beaucoup de prairies temporaires longue durée, j’avais besoin d’une aide pour connaitre la valorisation de chacune d’entre elle. Grâce à la valorisation d’Happy Grass, je connais les parcelles prioritaires à labourer car je juge leur rendement insuffisant.
Enfin, j’avais besoin d’une vision sur un planning de pâturage, c’est-à-dire retrouver facilement l’ordre de passage dans mes parcelles au cycle précèdent, ainsi que la durée de pâture dans chaque parcelle.
Est-ce que Happy Grass a répondu à tes attentes ?
L’outil happy grass répond pleinement à toutes mes attentes. Ça m’a permis de me poser les bonnes questions. J’estime que j’ai moins « la tête dans le guidon » et que je suis plus en capacité de changer mes pratiques.
J’ai notamment beaucoup apprécié, le tour des parcelles avec l’herbomètre qui permet d’avoir une vision globale sur le stock d’herbe disponible. L’application nous le traduit en jours d’avance au pâturage. Cette notion permet d’anticiper et ainsi d’être réactif (débrayage d’une parcelle, variation de la quantité de fourrage distribué à l’auge…). Pour moi 2 – 3 mesures minimum sont nécessaires sur la période poussante pour ajuster ces pratiques.
Globalement, l’application est pas mal ! J’attends encore quelques progrès concernant l’ergonomie du logiciel.
Qu’est-ce que l’enregistrement t’a apporté ?
L’enregistrement des 8 – 9 mois de pâturage nous a apporté bon nombre d’enseignements. On a fait le bilan en fin de campagne avec mon conseiller et j’ai constaté plusieurs choses : d’abord, les temps de repousse entre deux passages étaient trop longs, en moyenne 27 jours. Les temps de séjour par parcelle étaient aussi trop longs, ce qui provoque du surpâturage.
On a aussi ressorti que l’on avait de la difficulté à diminuer, à l’auge, la distribution de fourrage sec et de concentré en fonction de la pousse de l’herbe.
Je me suis aperçu que le passage de la herse retarde la pousse de l’herbe et que les cycles de pâturage devenaient plus longs. Finalement, le hersage doit être limité et pas systématique.
Je pense qu’avec les pousses aléatoires de l’herbe liées au changement climatique, l’application « Happygrass » va m’aider encore davantage.
Quelle modification de conduite tu envisages?
En 2021, nous avons sorti les vaches à l’herbe le 29 mars soit à un repère de 330° cumulé de somme de température. Cette année, j’ai opté pour une mise à l’herbe encore plus précoce, le 21 mars soit un repère de 250°cumulé de somme de température.
J’avais tendance à dire qu’il n’y avait rien à manger dehors aussi tôt dans l’année, et que la production laitière allait baisser. Mes prairies sont fertiles et précoces donc j’ai essayé la mise à l’herbe précoce avec réussite.
Une semaine après le lâcher des vaches, la production laitière a bondi de 3 à 4 litres de lait par vache, pour une moyenne autour de 25 kg de lait par vache. Je pense qu’il ne faut pas sous-estimer cette petite ingestion de pâture. C’est une herbe d’excellente qualité, les vaches y trouvent clairement leur bonheur.
J’ai en plus ajusté la distribution du correcteur azoté (37 MAT) en baissant entre 300 et 400 grammes selon le niveau de production. C’est donc une économie de 35 kg de correcteur azoté tous les jours.
Pour 2022, il faudra tourner plus vite sur les parcelles et sur de plus grande surface.
Enfin, je souhaite avec le système robot ne pas dépasser 5 kg de matière sèche distribué en fourrage à l’auge.
Propos recueillis par Jeremy Crespy, Conseiller d’élevage